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Rss Quand un philosophe parle de toros. Fernando Savater.
« Interdire les toros est un attentat contre la liberté d’opinion »
« Seul un barbare ne fait pas la différence entre un humain et un animal »


Comment expliquer le mouvement contre les corridas de toros ?
« La baisse de popularité des toros est due au changement d’une société rurale en une société urbaine. Maintenant, les animaux sont traités comme les humains comme les personnages de Walt Disney qui parlent, pleurent, rient. Ceux qui luttent contre la Fiesta du toro ne réalisent pas que sa disparition ne serait pas uniquement la disparition des toros bravos. En Espagne, les dehesas où ils sont élevés ont un écosystème spécifique composé de bois, d’eau et de beaucoup d’autres animaux petits et grands. En terminer avec les toros bravos c’est condamner ces terres, véritables réserves naturelles, à être des champs de maïs transgénique. Les toros sont faits pour lutter avec l’homme selon certaines règles, comme les chevaux de course créés pour courir ; ces animaux disparaitront le jour où ferment les hippodromes. »

A propos de la torture :
« Les taurins n’apprécient pas la torture ; si c’était le cas il suffirait d’aller dans un abattoir…En supposant que j’apprécie la mort du toro, mon choix n’est pas le problème d’autrui et encore moins d’un gouvernant qui n’a pas le droit de condamner mon âme parce que les toros me plaisent ou parce que j’aime la pêche au saumon que lui considère comme mauvaise"

A la question de l’art et du toreo :
« Un torero est un artiste. Il fait avec habileté quelque chose qui n’est pas facile. Celui qui le fait avec une habilité, disons exceptionnelle, est un artiste… Le torero est un être courageux qui canalise la peur des spectateurs face à un animal de 500 kilos qui charge avec deux cornes comme des poignards. Il nous décharge de la peur que nous ressentons face à la mort. »
« L’animal n’a aucun droit moral ni aucun devoir. Il vit hors du règne de la loi. N’oublions pas qu’il y a des personnes très mauvaises qui ont de très bons sentiments pour les animaux. Les deux premières lois de protection de la nature et du droit des animaux, nous les devons à Hitler. Ce furent les premières lois écologistes en Europe. Lui-même avait un chien dont il s’occupait et qu’il aimait
. »

Et les aficionados traités de nazis par le maire de Bogota ?
« Dans le droit traditionnel on considère comme barbare le fait de ne pas faire de distinction entre l’humain et l’animal. Le toro bravo n’est pas un animal sauvage comme peut l’être un tigre, c’est une création consciente et délibérée de l’homme destinée à participer à un rituel. »

Et à propos de l’interdiction en Cataluña ?
« Cataluña veut se séparer de l’Espagne et veut rompre avec une tradition commune avec l’Espagne, les toros sont seulement des prétextes. A l’amalgame séparatiste viennent s’ajouter des éléments écologiques pour s’écarter de l’imaginaire espagnol. Les voix qui se font entendre au Pays Basque, d’où viennent les premiers toros, ont la même résonnance : une réaction contre l’Espagne, contre Castilla et Mancha. Tant qu’il y aura une aficion qui comprend les toros et vont dans les plazas, les interdire est un attentat contre la liberté d’opinion. »

Source : Burladero.
Entrevue de « El Espectator » avec Fernando Savater
Traduction: tem40
 
 
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Ecrit par: tem40, Le: 06/11/12


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