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Rss Julien Lescarret, matador de toros par Marianne Payot (L'Express)
Julien Lescarret, matador de toros
Par Marianne Payot (L'Express), publié le 29/06/2012 à 12:00
Alors qu'il s'apprête à quitter les arènes au terme de sa 10e saison, le torero français retrace son singulier parcours.


Le torero (ici à Dax, le 17 août 2009) faillit être amputé d'une jambe après avoir été encorné.


Il est le 43e torero français de l'Histoire, l'un des 300 maestros européens actuels et, à 31 ans, s'apprête cet été à tirer sa révérence (sa despedida, en langage tauromachique), au terme de sa 100e corrida. "On ne naît pas torero, on le devient", écrit Julien Lescarret dans l'étonnante "autobiographie" tout en images et en confidences qu'il nous offre aujourd'hui sous un titre évocateur, Au risque de soi. Une publication que son éditeur, Au diable Vauvert évidemment (dont la patronne, Marion Mazauric, est une aficionada devant l'Eternel), double d'un texte savoureux du professeur et poète Yves Charnet (Miroirs de Julien L.), récent compagnon de route de l'homme à l'habit de lumière.

A 13 ans, radieux: "C'est ça que je veux faire"
Julien Lescarret, né en août 1980 à Pessac (Gironde), est donc devenu torero. Petit-fils de procureur, fils de médecin, l'Aquitain est élevé loin des plaines andalouses. Pourtant, c'est à 13 ans, lors d'un séjour à Tolède la Castillane, que naît sa vocation. Premières passes, première conviction. Souvenirs du père, Vincent Lescarret: "Julien nous rejoint, radieux et plein de poussière: "C'est ça que je veux faire." J'étais alors très loin de comprendre le sens prémonitoire de ces mots." Bien sûr, le chemin sera long, douloureux, ponctué de débâcles mais aussi de prouesses. Le jeune Julien, qui se fait appeler dans un premier temps "Julito", un "nom de scène aux allures de plagiat", se choisit des mentors: André Viard, pour maître à penser; Rafael Cañada et Morenito d'Arles, pour maîtres à vivre. Au lendemain d'une corrida triomphale (trois oreilles) à Garlin (Pyrénées-Atlantiques), le 14 juillet 2000, Olivier Baratchart, ancien torero devenu directeur des arènes de Bayonne, le rejoint comme manager.

Carpe diem. En cette journée d'alternative du 7 juillet 2002, à Eauze (Gers), l'enfant chéri du pays s'accrochera plus que jamais à sa devise. L'agrégé de lettres et chroniqueur au Monde Francis Marmande apprécie et s'exclame: "Julien Lescarret vient de passer de l'autre côté du miroir." C'est un autre maestro de la plume, Zocato, l'aficionado de Sud Ouest, qui commente, lyrique, l'une des plus belles corridas du Français, à Eauze encore, le 3 juillet 2005, face aux toros de Javier Perez Tabernero. "Ce fut un torrent de douceur, une cascade complice, le berceau de toutes nos émotions [...], la porte entrouverte sur le paradis. [...] On n'oubliera jamais." Ce jour-là, Gironcello, gracié, rentrera vivant au corral, Lescarret recevra deux oreilles et la queue symboliques. Zoom avant. Beaucaire (Gard), près de Nîmes, le 31 juillet de cette même année. "Pendant quelques secondes, je suis une marionnette pendue au fil de la corne [...]. Les animaux sauvages ne parlent pas, ils tuent", note le matador qu'on hésitera à amputer après la cornada reçue dans le mollet. Ainsi va la vie d'un torero. La tauromachie n'est-elle pas, aussi, l'"histoire d'un plongeon dans l'au-delà"?

Un pacte moral avec un universitaire et poète
"Julien a un rire qui mérite un livre. Un rire de pur bonheur. [...] Mon motif risque sa peau. Moi ma poésie." Après avoir scellé un pacte moral, non pas avec le diable, mais avec ce "héros qui tue pour la beauté du geste", Yves Charnet, professeur d'arts et cultures à Supaéro (Toulouse), ne va plus quitter l'ombre de Lescarret trois saisons durant. "J'aime ce matador pour son énergie baroque. Sa légèreté de magicien", écrit-il dans son journal, lui aussi baroque, où il est tout autant question de Julien et de sa dignité, que du propre divorce, des enfants, des aventures féminines et du blues du poète "bricoleur des nuits blanches".

Une amitié est née, entre deux passionnés des taureaux mais aussi des mots. "Vous savez désormais que sous le costume coule de l'encre, qu'elle laisse des traces sur le sable des arènes", conclut Lescarret, bien décidé à "lutter pour préserver les rites de la corrida". A sa manière: "Je cherche un nouveau chemin de lumière"...

http://www.lexpress.fr/culture/livre/julien-lescarret-matador-de-toros_1132295.html
 
 
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Ecrit par: tem40, Le: 20/07/12


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