AG 2019

RAPPORT MORAL 2019



Cette année encore, le Club a fait preuve de dynamisme comme le prouve ses différentes activités.

8 mars : Comme chaque année, rendez-vous dans la salle des fêtes de Ste Eulalie pour l’ouverture de la temporada 2019. (Une fois de +, merci à Bernard Comet pour son accueil).
La soirée était animée par Pierre Vidal.
Ce fut une jolie rencontre avec le jeune novillero Dorian Canton, formé pendant 9 ans à l’Ecole Adour Aficion de Richard Milian dont il fut l’un des élèves les plus brillants. On a découvert un jeune homme simple, lucide étonnamment mûr qui partage son temps entre ses études et ses entraînements.
Cet été, son alternative, moment tant attendu qui propulse ces jeunes au panthéon des matadors, devait avoir lieu à Bayonne. Mais Jupiter en décida autrement se déchainant sur Lachepaillet et la corrida dut être annulée…Peut on imaginer la déception d’un jeune de 18 ans qui a sacrifié une grande partie de son adolescence et rêvé de ce moment, dernière marche de son apprentissage. Il fit toutefois preuve de solidité et détermination et c’est à Villeneuve de Marsan que le grand pas fut franchi. Il devint ce jour là, le premier matador Béarnais.
A la question de Philippe Latour pour Corrida France qui lui demandait « qu’aimerais tu que l’on dise de toi fin 2019 ? » il répondit : « Que les gens voient un jeune heureux, qu’ils voient en moi un espoir du SO, la promesse de demain ».
Rassure –toi Dorian et suerte a ti, tu as un destin à réaliser !

22 mars : Le CTM reçut lors d’un cocktail, ses partenaires au Casino de Mimizan.
Soirée sympathique et décontractée qui nous permit de remercier bien agréablement ces sponsors qui participent à leur manière à la réalisation de notre corrida.
Merci à Bernard Lafaurie qui travaille toute l’année à réaliser ces contacts.

24 avril : La Commission Taurine de Vic délégua 2 de ses membres des plus éminents le Président et le Trésorier, pour présenter le cartel de sa Feria de Pentecôte. C’est dans la Chapelle de la Mer que le CTM reçut ses homologues gersois. Soirée conviviale avec échanges entre aficionados du SO.

4 mai : Visite de la Ganaderia « La Espera »à Cagnotte, « le petit dernier de nos élevages de bravo ». « La espera » l’attente en espagnol, est longue dans ce métier. Mais à la Bréde le 24 juin 2017, « la Espera » présente 2 érales pour Dorian Canton et Yon Lamothe et là… ce fut la consécration puisque le toro « Encina » permit à Yon Lamothe de couper 1 oreille et fut honoré d’une vuelta posthume. Début prometteur et encourageant !

12 mai : Tous les amoureux de Mimizan se retrouvèrent vêtus de blanc et rouge pour participer à la réalisation du clip réalisé par Greg Simon, pour la chanson à la gloire de la cité interprétée par Miguel Sevilla.

18 mai : Rendez-vous aux arènes, pour la présentation de notre cartel.
En lever de rideau, tienta des vaches de Jean Louis Darré pour Alejandro Marcos.
Enfin, fin du suspense : le sable des Arènes du Courant sera foulé cet été par les fauves de Maria Loreto Charro pour Manuel Escribano bien connu et apprécié par Mimizan où il coupa 2 oreilles en 2017, Alvaro Lorenzo, 24 ans, déjà connu des plus grandes arènes, Séville, Madrid, Mont de Marsan, Dax, Bayonne.
Alejandro Marcos, jeune espoir de la tauromachie que les aficionados attendaient et découvrirent ce matin là.

Quelques jours après, sous la houlette de Francis Baillet, un groupe de courageux, pinceau à la main, s’attaqua à donner un petit coup de jeune à nos arènes ce qui n’impressionna nullement les toros qui se chargèrent à la première occasion d’y imprimer leur marque.

Cette année encore, 2 voyages furent organisés.
Le premier, fin mai début juin, vit nos voyageurs se diriger vers la belle Andalousie vers Puerto de Santa Maria et Sanlucar de Barrameda.
Remarquablement situés au carrefour des routes de l’Atlantique et de la Méditerranée Puerto de Santa Maria, comme Sanlucar de Barrameda, sont les derniers ports avant la traversée de l’Atlantique, véritable référence pour les Conquistadores et les grands navigateurs tel Magellan. Ces ports, au XVIème siècle en auront vu des « picaros » de tout acabit : prêtres
dévoyés, fils de bourgeois, poètes truands, anciens soldats, vagabonds et mendiants, vivant de larcins, chantages, vols et assassinats; un monde complexe et multiforme qui avait répudié toutes valeurs morales et n’en avait rien à faire de l’honneur. A noter, toutefois, que le Duc de Montpensier, fils de Louis Philippe, Infant d’Espagne de par son mariage avec l’Infante des Bourbons d’Espagne, mourut à Sanlucar en 1890.
Les siècles étant passés, c’est en toute sécurité que nos voyageurs reprirent leur pérénigration.
La matinée du 1er juin débuta par la visite de l’élevage Gavira qui provoqua l’enthousiasme par son magnifique environnement. Dans la soirée, à San Jose del Valle, un festival taurin avec les toros de Fermin Bohorquez pour Jesulin de Ubrique, Francisco Rivera Paquirri et Alfonso Vasquez, enfant du pays, novillero local porté par l’enthousiasme du public tout acquis à sa cause. Enfin, arrivée à Sanlucar pour la corrida mixte : 2 toros de Fermin Bohorquez pour Pablo Hermoso de Mendoza. Faena superbe à son premier ce qui lui valut 2 oreilles ; rien ne lui fut possible à son second. Puis, entrée en ruedo de Roca Rey face à 4 toros de Nuñez del Cuvillo. Si le maestro coupa 3 oreilles, aucune de ses faenas ne fut marquante et n’engendra de réelle émotion.
Et on repart et, enfin, comme une récompense : Cordou. Promenade dans ses ruelles et visite de la Mezquita qui, après avoir été temple romain, devint église, puis mosquée. Après la reconquête, on démolit une partie de l’édifice pour y édifier la cathédrale, monument qui allie les styles gothique, renaissance puis baroque voisinant avec le style mudejar. Charles Quint regretta la transformation de cet édifice « Vous avez détruit ce qu’on ne voyait nulle part pour construire ce que l’on voit partout »
A 19 h Corrida. Morenito de Aranda, Juan del Alamo et Tomas Campos, 3 toreros qui foulèrent le sable des Arènes du Courant, furent confrontés aux toros de las Ramblas, toros impressionnants d’armure mais ne laissant que peu de possibilité. Corrida angoissante, les toreros étant perpétuellement en danger et réel soulagement quand elle se termina sans plus de bobo que le costume déchiré de Tomas Campos.
Enfin, faut-il que je présente mes félicitations à un certain couple qui, profitant de la présence de Madame Martine Blezy Maire de Bougue, se marièrent lors d’une soirée bien arrosée… Qu’ils ne croient pas s’en tirer à si bon compte …

Deuxième voyage : Salamanca
Le chant du cygne pour Jean Marc Loby dont ce fut le dernier voyage : une réussite, comme toujours, avec, peut être, un brin de nostalgie.
N’ayant pu être présente à ce voyage, c’est notre chroniqueur-maison qui se chargea d’en faire le rapport. Connaissant sa grande timidité, c’est moi qui vous lirai son compte-rendu.
Le 14 septembre dernier, de bonne heure, à Mimizan, une bande d’anciens écoliers prend place à bord d’un car scolaire en direction de Salamanca et du campo charro. Le voyage est inconfortable mais joyeux, l’hôtel est luxueux et la ville en fête.
La Glorieta, la plaza de toros de Salamanca, au très vaste ruedo, reçoit ce jour-là 3 grandes figuras pour combattre les toros de Garcigrande et Domingo Hernandez : El Juli et Cayetano coupent respectivement 4 et 2 oreilles, une fois le vent tombé. Morante de la Puebla ne coupe rien et bâcle les 2 rendez-vous. Heureusement, les coussins n’étaient pas en plomb car ils pleuvent pour accompagner sa sortie. La bronca s’entendit jusqu’en Andalousie ? (et, en bons copains, ils me la firent entendre jusqu’à Ste Eulalie, au grand désespoir de la morantiste que je suis). Puis, les scolaires s’égaillent dans la ville, via la belle Plaza Mayor.
Le dimanche 15, six Nuñez del Cuvillo, venant de Cadix, défilent dans l’arène pour Antonio Ferrera, Jose Mari Manzanares et Juan del Alamo. La corrida est agréable et quelques récompenses tombent, ce qui aide à digérer le copieux repas et la dégustation, après visite des chais de la bodega des vins du terroir de la région de Toro, à cheval sur le Duero. Il fallait bien se désaltérer après la visite, bien guidée d’ailleurs, de la mignonne plaza de toros de la ville de Toro. La soirée est festive bien sûr, certains retrouvant des escales connues.
Le lundi matin, Nadette et Francis s’inquiètent de savoir si Jean Louis (notre chroniqueur, vous l’avez peut être deviné) avait quitté le karaoké où il avait été vu nuitamment faire une étape. Ah, chanson quand tu nous tiens ! …Ouf, il est là pour le petit déjeuner. Allez, direction la ganaderia de Pedraza de Yeltes : après le bus, le bros. Nous nous retrouvons dans un désert de pierres en trois lettres… c’est ça un reg aride avec quelques arbustes mal venus où l’arrivée de notre bros fait accourir les cochons et les toros , croyant que c’est l’heure de la gamelle; une ganaderia très compartimentée où nous avons pu voir la camade prévue pour sortir dans les arènes en 2021 et 2022. Pas beaucoup d’explication, PRIERE DE NE PAS PARLER AU CHAUFFEUR n’était pas écrit mais, comment parler au conducteur d’un tracteur quand vous êtes dans la remorque ?
Allez, on rentre dans le Born, après tout c’est là qu’on est le mieux. Juste un petit arrêt pour manger du boudin dans une cave. Jean-Luc Dufau qui est notre guide du routard gourmand en Espagne, aime bien nous faire manger dans des caves ou grottes. Merci Jean-Luc, sois remercié pour ton aide et tes bonnes adesses.
Voilà un voyage de plus mais, attention, en ce moment le tourisme traverse une mauvaise passe : Thomas Cook Voyage fait faillite et Jean Marc Loby Voyage coupe sa coleta. Mais soyons sûrs que l’avenir nous réserve de beaux jours ensemble.
Suerte a todas y todos.


Mais revenons à Mimizan
Corrida du 24 août : « Para todos los gustos », pour tous les goûts comme l’a écrit Jean Louis Haurat.
Les toros de Maria Loreto Charro Santos bien présentés, mais moins brillants que les 2 années précédentes.
La corrida s’est déroulée en 2 parties. La première ne présageait rien de transcendant. Les 3 derniers toros ramenèrent de l’animation et un peu de piment.
Escribano reçut le 4ème toro d’une afarolada genoux en terre, et l’assistance se réveilla, confortée par la pose des banderilles par le maestro. Faena honnête se terminant par une estocade efficace qui lui valut 2 oreilles.
Alvaro Lorenzo qui sera passé à côté de son premier, se montra à son second très professionnel, au toreo classique et sérieux au rythme très lent qui lui valut 1 oreille.
Alejandro Marcos, parrainé par l’Ayuda et dont c’était seulement la deuxième corrida de la saison, sut imposer son toreo à son adversaire. Il aura laissé une excellente impression aux aficionados. Nous ne pouvons que lui souhaiter de nombreux contrats qui lui permettront d’affirmer sa place parmi les grands.
En résumé, una buena tarde tauromachique.

On parle actuellement d’un projet de loi visant à interdire l’entrée des arènes aux enfants de moins de 16 ans. J’ai retrouvé une parution du Docteur Joël Pons, psychiatre réputé de Toulouse et Vice Président de l’Observatoire National des Cultures taurines s’adressant à sa petite fille qu’il avait amenée à une corrida. Rien de mieux qu’un psychiatre pour juger des traumatismes éventuels dont pourrait souffrir les enfants.
Je vous en lis quelques passages.
« Je viens ici te demander pardon. Oui, pardon, car voilà que l’on m’accuse d’avoir été un mauvais grand-père et d’avoir égaré ton âme sur des chemins périlleux. Vois-tu, je n’avais pas conscience de cela, en t’accordant que tu m’accompagnasses –alors que tu n’avais pas 14 ans- à une corrida de la Feria de Béziers où notre Sébastien national côtoyait le fabuleux Centaure Pablo Hermoso de Mendoza.
Je pensais alors, que chaque aîné avait le droit de proposer à ses enfants et petits-enfants les modèles culturels que sa tradition lui a légué, et que son bon sens lui inspire. Ah bien non, c’est à Paris ou au siège Européen, là-haut, que ton avenir culturel se décidera. Si cet après-midi là, je t’avais abandonnée à la maison, engluée dans un canapé, gavée d’images débiles,
personne n’aurait trouvé à redire.
Je pensais t’apprendre à vivre et maîtriser tes émotions, à assumer des sentiments difficiles et douloureux comme l’angoisse, la peur, la tristesse. Car cette palette d’émotions difficiles fait partie de la dure réalité de la vie et leur apprentissage est bénéfique sinon nécessaire.
Je pensais aussi t’inviter à un spectacle où se cultive l’authenticité, la noblesse d’âme où se décline un certain nombre de valeurs positives. Ici, pas de playback, pas de maquillage.
Je savais aussi en t’emmenant avec moi que ta sagesse candide retiendrait 2 leçons. La première nous vient du torero qui nous livre que l’adresse et l’intelligence prennent toujours le dessus sur la violence aveugle, sur l’agressivité primaire. L’homme qui observe, qui réfléchit, qui analyse, qui s’adapte , qui esquive parfois, sort vainqueur de son affrontement avec un toro, comme il sortira vainqueur des joutes avec ses semblables. La deuxième leçon nous est donnée par le toro, et nous invite à vivre et mourir en harmonie avec nous-mêmes. Car le toro est un fauve respectable qui aime les grands espaces et les combats. L’homme lui donne, au moment de mourir, l’occasion de révéler les vertus de sa race en se montrant ce qu’il est vraiment. Non, sincèrement, je ne pense pas qu’un toro préférerait mourir, d’un seul coup, d’un seul, derrière la tête, au fond d’un couloir obscur sans avoir pu révéler son cœur.
Oui, je sais que ton cœur saigne devant la souffrance du toro, comme le mien peste et compatit devant une mort qui tarde à venir. Mais je t’invite un instant à une petite leçon de calcul. Un toro a près de cinq ans lorsqu’il meurt. Avant, tu sais toute la vigilance et tous les soins attentifs dont il est l’objet. C’est un petit roi dans son élément naturel, dans un environnement écologique. Il a l’eau fraîche des étangs pour étancher sa soif, les mille fleurs du campo pour calmer ses appétits, l’ombre des chênes verts pour l’abriter des ardeurs du soleil, un large espace pour déambuler. Cinq ans d’une vie douce et paisible où le seul risque est représenté par l’agressivité de ses congénères. Cinq ans de farniente et vingt minutes de souffrance à la fin de sa vie. Rapporté à la vie d’un humain dont l’espérance de vie moyenne est de près de 80 ans, cela fait cinq heures et demi. Et là, je pense à tous ceux qu’une terrible maladie fait souffrir des années durant, à tous ceux que la famine taraude longtemps avant de les emporter, à tous ceux qu’une mort violente fauche en nombre après une vie de misère, à tous ceux qu’un joug totalitaire empêche de parler, empêche de penser des années durant
Ainsi, il faudrait que je m’excuse d’avoir perdu ton âme alors que je pensais moi, la construire et l’élever en te proposant des étayages forts et nobles : l’authenticité, la sincérité, le courage, la dignité. Alors que je pensais l’éveiller à une certaine idée de la culture où la tradition , l’esthétique, le respect, la convivialité avaient leur mot à dire ? C’est décidé : si loi il y a un jour, je la transgresserai, et plagiant le bon Victor Hugo, j’affirmerai après lui : « Eh bien moi, je t’irai mener aux corridas »
Voilà ce qu’un grand-père peut justifier à sa petite fille qui n’a pas 14 ans pour l’avoir amenée, un jour, à las cinco de la tarde, voir un homme et un toro révéler leurs âmes au travers du plus beau des duels complices.
Pour ceux qui sont intéressés, vous pouvez trouver l’intégralité de cette parution sur le site du club sur le lien « les articles » « autour de la tauromachie »


Enfin, pour terminer, nous aimerions vous présenter quelques jeunes passionnés qui viennent nous rejoindre, et qui représentent l’avenir de la tauromachie en général et de Mimizan en particulier. Tout d’abord, Maylis Laborde Lezer qu’il est inutile de vous présenter, Jean Costarramone étudiant à Bordeaux et qui a de solides attaches à Ste Eulalie. Sébastien Lafon, le plus « vieux », professeur d’Education Physique. Son père, maire de Rimbez possède un domicile à Mimizan et j’ai l’impression que Sébastien est plus souvent à Mimizan qu’a Rimbez…
Sébastien, veux-tu dire un mot au nom de tes camarades ?
Et, comme les 3 mousquetaires qui étaient 4, le d’Artagnan de la bande, avec son épée, le novillero Samuel Koppé.


La jeunesse appelant la jeunesse il ne nous reste plus qu’à souhaiter que votre groupe de jeunes aficionados mimizannais s’étoffe et atteigne un jour la parité.




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