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FRANÇOIS ZUMBIEHL AU MUSÉE BORDA DE DAX

Dans le cadre de l’exposition « Cultures taurines du Sud-Ouest, huit siècles de passion tauromachique », François Zumbiehl, anthropologue et écrivain, a proposé une conférence sur le sujet : « Paroles de toreros : inquiétudes et aspirations ». En voici quelques extraits:

La mythologie du XIX ème siècle présentait le torero comme sûr de lui, d’une immodestie qui en réalité n’était qu’apparente. Dans l’intimité, il présente en temps qu’artiste, une facette de fragilité et d’inquiétude.

La première inquiétude, face à lui-même.
Il se trouve dans une situation impossible pour tout autre artiste : à heure fixe et immédiatement, face au toro, il faut créer. Pas question d’attendre l’inspiration !! Il faut donc avoir recours au professionnalisme et attendre l’étincelle qui sera le fil de la faena. Pepe Luis Vasquez acceptait que le duende « vienne quand on ne l’attendait pas. » Curo Romero voulait « l’extraire de soi même, de son tréfonds. » Morante et Tomas s’y abandonnent : « action et abandon ». Dans sa création, il y a le jeu avec le toro et sa propre chorégraphie, création éphémère dont il ne verra jamais le résultat. Il lui faut « la vista », être capable d’imaginer sa faena « en mettant le toro dans la tête » disait El Cordobes. Dans un rituel bien connu et attendu, surgit le geste qu’on n’attendait pas. La tension est toujours à la limite de la rupture, de la catastrophe. « Toréer, c’est forger sa faena » disait Paco Ojeda. Le noyau, c’est le « temple » accord entre le mouvement de l’homme et la charge de la bête, dont le processus consiste à s’accorder à l’animal, qui va finir par se relâcher et ralentir sa charge. La faena idéale reste toujours à faire. Antonio Ordoñes était toujours insatisfait et dormait très mal quand il avait fait un triomphe car avec un tel toro, il imaginait qu’il aurait pu faire mieux. Par contre, une faena loupée était vite oubliée.

Inquiétude par rapport au toro
Il faut tisser un dialogue entre l’homme et le fauve rencontré une seule fois ; « Hablale », « Parle lui » entend-on parfois du callejon. Fragment de dialogue amoureux avec les impondérables de l’amour. « Parce que c’était lui, parce que c’était moi » aurait dit Montaigne. En prélude à l’union, les préliminaires amoureux sont les passes de cape. Une complicité doit se créer, le torero doit être un déchiffreur , il doit savoir lire le toro. Ce travail du torero se fait à l’avantage du toro et permet à celui-ci de se réaliser.

Le public compte-t-il artistiquement ?
Certains toréent pour eux-mêmes et recherchent une satisfaction intime. Pour d’autres, rien de ce qui se passe dans l’arène n’a de sens sans l’union entre les trois protagonistes, toro, torero et public. L’émotion ressentie par le public ajoute à l’émotion du torero, c’est le cercle magique. Y a-t-il dépendance et compromission pour plaire au public ? Le vrai courage du torero est de rester lui-même dans les circonstances qui ne sont pas à son avantage. Pour plaire il faut se plaire à soi-même « gustandose »

La peur.
Ils ont tous peur de l’échec, du ridicule, de déplaire. Ils sont inquiets sur le sens de leur profession. Le torero assume la mort possible , le sacrificateur peut devenir victime. Il accompagne le toro jusqu’à la mort. Il a conscience que son œuvre est éphémère, il ne reste rien de la plus magnifique faena, c’est le tragique du toreo. Evidemment, il y a des états de grâce où toutes les facultés physiques et intellectuelles sont libérées, « transfiguration qui n’est pas de ce monde ». Parfois, le « sentido » du toro ne se livre pas. « Il connaît le latin et le grec » dit-on. Il faut être un très bon technicien et réinventer sa manière de toréer pour comprendre ce qu’il ne veut pas faire. Lidier, c’est lire les inclinations du toro pour s’adapter, bâtir et créer.




tem40 Le: 15/11/13
Le jour où Mohamed Ali découvrit le toreo !! Rion: incendie criminel
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