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L’Espagne et la France, deux grandes nations qui aiment et défendent la tauromachie.



Ce ne sont pas tous les Espagnols qui aiment la tauromachie ni tous les Français qui la défendent. Cependant tout démocrate espagnol ou français devrait s’élever contre la prohibition des spectacles taurins, ce que demandent les antitaurins, les animalistes et les populistes, en recourant quelquefois à la violence.

La tauromachie, avec toutes les vicissitudes de sa genèse et de son évolution, traduit la réincarnation de cette obsession fondamentale de la civilisation méditerranéenne- l’affrontement entre l’homme et un animal redoutable -, figurée dans un mythe également fondateur, celui de la lutte entre Thésée et le Minotaure dans ses versants apollinien –la victoire de l’intelligence sur la bestialité -, et dionysiaque – la complicité pour créer de la beauté avec un animal indompté et imprévisible.

Il n’est pas anodin que deux grands pays de l’Union européenne, démocratiques et solidaires, économiquement développés, permettent aujourd’hui des spectacles où hommes et animaux jouent avec la vie et avec la mort – avec tout ce que cela comporte d’émotion et d’art. Il est d’autant plus difficile de comprendre que dans ces deux pays la tauromachie soit critiquée, alors qu’elle est parfaitement légale. En France elle est autorisée « là où il existe une tradition ininterrompue », en l’occurrence dans les régions méridionales du pays. Cette légalité a été confirmée par une décision du Conseil Constitutionnel (septembre 2012). En Espagne la tauromachie est légale sur tout le territoire national, la Catalogne incluse. Le Tribunal Constitutionnel a réaffirmé la légalité de la tauromachie en Catalogne (septembre 2012). En outre a été approuvée la loi 18/2013 qui régule la tauromachie en tant que Patrimoine Culturel de l’Espagne. Elle a été inscrite à l’inventaire du Patrimoine Culturel Immatériel de la France en 2011.

La pratique de la tauromachie a bénéficié d’un grand développement à partir des années 60 et 70 du siècle passé, avec l’arrivée du boom économique en Espagne, jusqu’à parvenir à son apogée en 2007, juste avant la grande crise de 2008. Au cours de cette année 2007 ont été organisés en Espagne 3.637 spectacles taurins, chiffre jamais atteint auparavant. La crise économique a entraîné une forte diminution de ces spectacles ainsi que des bêtes dans les élevages. En 2017 ont été organisés en Espagne 1.553 spectacles formels et 18.357 fêtes populaires avec des taureaux, ce qui représente un total de près de 20.000 événements taurins. Peut-on raisonnablement penser que cette réalité taurine puisse s’effacer d’un trait de plume en Espagne ? De même peut-on gommer les 1.700 spectacles d’arènes qui s’organisent chaque année en France ?

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Que faire pour que les gens ne désertent pas les gradins ou pour que les jeunes y viennent ? Ce n’est pas une consolation de savoir que bien d’autres activités sont en butte à la pression de l’opinion contre elles, comme la chasse, la pêche, le cirque… On peut même penser à quelque chose d’aussi aberrant que l’attaque contre la production animale, laquelle permet, entre autres bénéfices, l’existence d’aliments d’origine animale, si nécessaires pour la nourriture et la santé des hommes. L’élevage joue un rôle déterminant pour la préservation du milieu rural et de l’environnement. On estime qu’en 2050 il y aura près de dix milliards de personnes dans le monde. Avons-nous conscience de ce que peuvent supposer ce fait et la nécessité de pourvoir à l’alimentation de tous ces gens ?

Nous devons nous convaincre que l’émotion est consubstantielle à la corrida. L’hémorragie de public ne peut être endiguée que si le spectacle se charge à nouveau d’authenticité et d’émotion. Dans la corrida « l’art sans émotion n’est pas de l’art ». De la porte du toril doit surgir un animal intact, avec le trapío – l’allure -, pourvu de bravoure et de force, lequel, après être passé par la phase des piques réalisée comme il convient, puisse conserver une noblesse encastée de nature à permettre au torero de réaliser une faena artistique, mais avec de l’émotion.





L’émotion est aussi ce qui maintient en vie les fêtes populaires, avec leurs encierros et leurs capeas dans les rues et sur les places, et qui fait que ces fêtes sont de plus en plus valorisées. Le risque, l’authenticité et la beauté inhérents à ces jeux de l’homme avec l’animal, pour la seule satisfaction personnelle, expliquent l’essor de cette tauromachie populaire en Espagne et en France.

Il est également nécessaire de donner la parole et du poids aux aficionados qui luttent pour défendre la fête taurine. Ce sont eux qui, aux côtés du grand public, en payant leurs places, soutiennent l’ensemble de l’activité taurine. En outre, ce sont eux qui sont les garants de la pureté de la tauromachie.

Sur ce point la tauromachie française l’emporte sur l’espagnole, car depuis deux ou trois décennies les aficionados français ont pris sans conteste le devant dans l’organisation et la supervision des spectacles. Les municipalités des villes taurines françaises nomment une « Commission extra-municipale », composée d’aficionados locaux, qui conseille la municipalité en matière taurine. La coopération étroite entre les aficionados espagnols et français est une étape obligatoire à franchir pour le succès de la tauromachie universelle.

C’est le moment de faire ressortir la haute valeur culturelle de la tauromachie, puisqu’elle est présente dans les sept domaines artistiques (littérature, peinture, sculpture, musique, danse architecture, cinéma) et dans d’autres de moindre considération, telles la mode, la gastronomie… Innombrables sont les artistes qui se sont attachés à écrire sur tel ou tel de ses aspects (Hemingway, Cocteau, Leiris, Montherlant, Garcia Lorca, Bergamín, Gerardo Diego, Cela, Vargas Llosa…;), et à représenter sur leurs toiles des scènes en rapport avec elle (Goya, Manet, Fortuny, Zuloaga, Picasso, Bacon, Botero, Barceló, Diego Ramos…;), sans oublier la sculpture, car la richesse plastique, la force et la beauté du taureau et du torero sont presque sans équivalent (Benlliure, Gargallo, Venancio Blanco, Gómez-Nazábal, Lozano…;). On pourrait en dire autant de la musique avec le pasodoble – intrinsèquement taurin – et avec son incursion dans la zarzuela espagnole, dans l’opéra…

Cet héritage culturel, constitué au cours des trois ou quatre derniers siècles, est vertigineux, de même que la force que conservent bien des artistes actuels. Cette force créatrice de l’art tourné vers la tauromachie n’a rien perdu de sa vigueur en dépit des attaques prohibitionnistes contre la corrida, aujourd’hui.

Le grand défi pour consacrer l’importance de la culture taurine dans toutes ses facettes serait d’obtenir que l’UNESCO déclare la tauromachie Patrimoine Culturel Immatériel de l’humanité, conformément à la Convention pour la Sauvegarde du Patrimoine Culturel Immatériel (Paris, 2003). Cette distinction serait la meilleure sauvegarde pour la préservation des rites et fêtes liés aux taureaux dans le monde.

L’union de l’Espagne et de la France pour sa défense est une obligation, car la force qui pourrait émaner de cette union serait pratiquement imparable. Il existe deux organismes dans ces deux pays, la Fundación del Toro de Lidia et l’Observatoire National des Cultures Taurines, avec des structures et des moyens d’action non négligeables, qui doivent travailler conjointement à cet objectif prioritaire. La fête taurine compte beaucoup d’adeptes et entretient une relation très riche avec l’histoire, la sociologie, l’écologie, l’économie et la culture.

Antonio Purroy, professeur des Universités de production animale
François Zumbiehl, docteur en anthropologie culturelle
Santiago Martín El Viti, matador de toros
Victorino Martín, éleveur de toros
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tem40 Le: 06/02/19
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