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Quand j’étais petit, j’entendais parler par ma grand-mère de « mise à mort » pour évoquer la corrida...

Elle n’était pas la seule, et d’ailleurs, certaines affiches témoignent de l’utilisation de ce terme. Pas au Portugal, pas à Quito, et bientôt peut-être, pas dans les arènes où l’hypocrisie aura fait place au dogme, au moment de vérité, à l’issue logique d’une faena, comme cela se pratique depuis des lustres avec les toros de combat, de lidia, bravos, nés et élevés pour combattre… et mourir.

Je passe sur le paradoxe d’une mort sans gloire dans les coulisses, ce qui au fond, n’accorde au toro qu’un sursis de quelques secondes… Mais si j’évoque aujourd’hui ce problème de la mise à mort, c’est bien vous vous en doutez par rapport aux réactions de certains toreros, la plupart réclamant d’ailleurs le retour à la norme.

Levons d’emblée toute équivoque… Sébastien Castella n’est pas là où il en est par l’opération du Saint-Esprit ! Une remarquable montée en puissance depuis ses débuts qui en ont fait le torero français qui à ce jour est allé le plus loin, le plus haut… par ses propres mérites. Une trajectoire aussi exceptionnelle qu’admirable qui lui fait régulièrement côtoyer les plus grands. CQFD.

Mais récemment, sa déclaration a semble-t-il produit l’effet d’une bombe, le Biterrois confiant qu’il était là avant tout pour produire avec eux une œuvre à connotation artistique… Un concept personnel qui a été assez mal accueilli. Car faudrait-il encore s’accorder sur une définition de l’art appliquée à la tauromachie, non pas dans ses aspects culturels, mais sur l’œuvre brute, la faena, où s’il est vrai qu’elle peut générer des émotions d’ordre esthétique, et tant mieux, devant toutefois se baser avant tout sur un socle technique indispensable, adapté à la condition de chaque toro.

Aussi, si je peux très bien comprendre que Sébastien soit plus enclin, de par sa propre sensibilité, à privilégier la plastique dans ses mouvements, libre à chacun d’apprécier ou pas, j’avoue que j’ai du mal à ne voir dans un combat avec un fauve que cette dimension. Certes, agréable aux pupilles, et dans son cas passablement courageuse, mais quelque part vide de sens si elle n’est pas axée sur le dernier acte, celui qui dit-on fait gagner ou perdre les trophées. La « suerte de matar » comprend le geste le plus difficile, le plus risqué, mais en cas de parfaite exécution, elle rehausse incontestablement le travail d’un maestro. Au risque de la blessure, et parfois de sa vie.

C’est pourquoi, selon moi, un « matador », voire une « espada » comme on les appelle aussi, ne peut occulter cet acte suprême, même si certains ont plus de dispositions ou d’inclination pour ce geste technique et sacrificiel.

La symbolique de l’épée est très forte dans la tauromachie, aussi, sous prétexte de modernité ou de concessions envers des adversaires toujours prompts à essayer de faire retirer la caféine du nectar, ne laissons pas dénaturer la corrida qui, si elle peut faire l’objet de certains aménagements, ne doit pas être vidée de l’essentiel. Sous peine d’y laisser une partie de sa dimension tragique, pour ne pas dire de son âme.Pour l'heure, je continuerai à aller aux "mises à mort". Du moins, tant qu'elles existeront encore...

http://www.torofiesta.com/index.php?option=com_content&view=article&id=1403:suerte-de-matar&catid=68:chroniques&Itemid=67



tem40 Le: 15/12/11
Padilla au pélerinage du Rocio Juan Bautista
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