Depuis deux mois au moins que l'on ne parle plus que des droits d'image des figuras du G10, la vraie question qui se pose est celle de savoir quelle image d'eux, précisément, vont-ils avoir cristallisé dans l'opinion, et au premier chef parmi les aficionados.
Moins anodine qu'il n'y paraît cette question sera pourtant peut-être un des éléments clés de la saison qui débute, en ce sens que dans la partie du public qui a suivi les développements de cette sombre et inopportune histoire, une trace en restera forcément.
Peut-être ma vision est-elle faussée par une immersion trop profonde dans ces eaux troubles - pour pouvoir expliquer les mécanismes de toute machination il faut d'abord prendre le temps de les comprendre -, mais, personnellement, la chose dont j'ai le moins envie aujourd'hui est d'aller voir toréer les stars du G10.
Non pas que je ne les considère pas tous - ou presque - comme de grands toreros, mais parce que je crains de les regarder désormais au travers d'un prisme peu avantageux pour eux.
De tous temps, les figuras ont lutté pour défendre leur argent, et de tous temps, quand le public eut l'impression que cette revendication légitime s'accompagnait d'exigences contraires à leur statut et à l'éthique, le public ne les a pas suivis.
Je crains pour les toreros du G10 des réactions comparables à celles qui poussèrent Guerrita à se retirer, Joselito à vouloir prendre ses distances avec Madrid - mais il y eut Talavera -, Manolete à prendre une année sabbatique avant de revenir à Linares, et José Tomás à se retirer.
Ceux du G10 ne le mesurent peut-être pas encore, mais en se comportant comme des footbaleurs avides de faire de l'argent, ils ont cassé quelque chose. Peut-être est-ce tout simplement cet idéal d'honneur et de générosité qui fut toujours associé à l'image des toreros.
André Viard
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tem40
Le: 01/02/12
