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Rss Pourquoi j'aime la corrida de F.Zumbiehl
...................Pourquoi j’aime la corrida ? Parce que tout en respectant l’espace dévolu à l’ombre dans l’arène et dans la vie – rien n’est plus clairvoyant que ce spectacle, allant parfois jusqu’au sordide – elle fait en sorte que ce soit la lumière qui ait toujours le dernier mot. Elle est par excellence une fête de transfiguration et de résurrection. De la fragilité d’un homme, dont l’instrument est un leurre - autant dire quelque chose proche du néant -, de sa sueur et de sa peur surgit un miracle : la violence et la brusquerie se soumettent à sa conduite, elles s’engouffrent dans l’espace apaisé que leur ouvre la cape ou la muleta ; elles renoncent à leur aspect redoutable pour devenir la basse chantante d’une lenteur indicible que le torero parvient à dessiner sur le sable, par laquelle lui-même commence à flotter avec l’extrême douceur « des choses qui ne sont pas de ce monde », selon la belle expression du maestro Pepe Luis Vázquez. Ses poignets s’endorment en berçant du même coup le toro. Nous savons bien qu’il ne tardera pas à se réveiller, ou que la mort, dans tous les cas, va surgir et nous ramener tous à la réalité. Nous savons bien que la plus légère saute de vent, le plus léger désaccord entre l’homme et la bête vont bousculer ce rêve ; que cette étrange éternité va finir et ne se reproduira jamais plus dans les mêmes circonstances (c’est d’ailleurs pour cela qu’elle nous paraît si précieuse et qu’elle peut arracher des larmes à un Belmonte et aux plus endurcis). Il n’importe. Tant qu’elle dure elle nous communique la saveur du paradis perdu où tout retrouve sa juste place, dans ce monde de l’harmonie réconciliée.

 
 
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Ecrit par: tem40, Le: 04/11/11


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