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Comment vois-tu la Feria de Quito dans cinq ans?Je la vois revenir à ce qu’elle a toujours été parce que je la crois soumise à un ouragan passager. A l’exemple des toreros, les aficionados doivent prendre patience. Il est important que cette fête ait eu lieu et que le public aficionado se soit rendu aux arènes, parce qu’en dépit des nombreux débats et palabres sur le fait que les taureaux n’étaient pas tués, il fallait s’arquebouter. Prendre appui sur ce qu’a toujours été le toreo.

Il en est pour considérer que de grandes figures ont cédé à une décision politique en venant participer à cette feria.Je crois plutôt que de laisser mourir un art il faut le soutenir. Au Portugal, il ne se tue pas, ne se pique pas, ne se banderille pas et les toreros sont présents.
Ici, il existe la culture des taureaux piqués et tués... Inutile de tenir des propos qui n’ont pas de sens... Ma façon de voir, après tous ces débats, est qu’il faut persévérer. La mort du taureau reviendra.

Les corridas ne sont-elles pas appelées à disparaître dans le panorama actuel ? A Barcelone c’est déjà fait.Non, jamais. Nous savons que c’est politique, il y aura des changements, il y en déjà eu. Nous devons rester optimistes. Bien entendu que nous traversons un moment difficile, mais commencer à capituler et à dire que nous sommes perdus n’est pas le bons moyen d’affronter ces difficultés.

Que dirais-tu à un antitaurin ?Rien, parce que c’est perdre son temps. Il a une façon de voir que je respecte, mais pour nous c’est notre vie, notre amour. Pour lui ce n’est qu’un débat, pour nous c’est notre passion.

Et quels arguments donnerais-tu en faveur du rétablissement du « tercio de muerte » ?Je vais te raconter une histoire. Avant de souhaiter devenir torero, j’étais déjà aficionado. Mon père m’amenait voir les corridas de la feria de Béziers (au sud de la France), l’art du toreo me fascinait mais j’éprouvais une peine terrible pour l’animal.
Je n’aime ni la chasse, ni la pêche, ni voir les animaux souffrir. Je n’aime pas voir un cheval ou un chien abandonné parce qu’il ne sert plus à rien et qu’il va mourir. J’en éprouve une peine intense, jusqu’à pleurer. Quand je me mis à toréer il fut entendu que la partie mort du toro était nécessaire parce que l’animal possède une bravoure et une intelligence dont tout autre animal est dépourvu. Le taureau de combat est le plus intelligent de tous les animaux. L’argument, il te le donne lui-même.
Ici, le taureau retourne aux corrals mais il y est tué avec un pistolet d’abattage et personne ne voit ça. Ce n’est pas cette mort que veut cet animal. Nous ne sommes pas à sa place mais il y des centaines d’années que nous l’élevons et nous le connaissons bien. Il détient force, ardeur et vérité. Parce que celui-là seul qui dans le monde du toreo, détient la vérité c'est le taureau. Les autres, nous sommes là pour seulement l’accompagner.

Que pensas-tu, sur le coup, de cette interdiction ?En dépit de sa nocivité j’ai rendu grâce à Dieu que le combat avec le taureau n’ait pas été complètement supprimé. Il faut être intelligent. Eux ne l’ont pas été. Ils ne se sont pas donné les moyens de ce qu’ils voulaient faire, je n’en dirai pas plus parce que j’en ai assez dit. Leur irrésolution nous a bénéficié..

Quand il t’appartiendrait de tuer et que cela t’est interdit, comment le ressens-tu ? Je vais dans l’arène pour toréer, non pour tuer un taureau.

Mais tu es appelé matador... Oui, évidemment, parce que dans les tous débuts il ne se donnait que deux passes de muleta et l’on tuait. Les gens ne veulent pas voir comment se tue un taureau, ils veulent voir de l’art. Et la partie finale qui est de tuer le taureau, fait partie de cet art.

COMMENTAIRES DE J.J.DHOMPS....... j'avoue que j'aime le parcours, le courage, la ténacité de ce garçon aux origines modestes. Mais je reconnais qu'il vient de perdre une bonne occasion de se taire.

Il aura 29 ans le 31 janvier prochain, il s'est marié, il a une fille, il est riche, il est le héros de toutes les amériques taurines, il a mûri, mais pas suffisamment encore. Tout ce qu'il exprime au cours de l'interview, dans un langage à la fois fruste et percutant, n'est pas idiot, voir sa considération sur la mort indigne du toro dans les corrals. Pourtant, il est tombé dans un piège. S'il a été conseillé, comme c'est possible, il a été très mal conseillé. Il s'est fait le porte-parole, peut-être sans l'avoir voulu, de tous ses collègue qui ont toréé, comme lui, à Quito 2011. Leur argument se résume à : " Mieux vaut une corrida sans mise à mort que pas de corrida du tout ". Ce à quoi nous serons très nombreux à répondre : " Sans mise à mort il n'y a plus de corrida."Cette mise à mort reviendra-t-elle à Quito, comme il veut bien l'espérer ?
Non, pas tant que des Ponce et des Castella contribueront à y remplir la plaza. Le risque est plutôt que Quito serve d'exemple et fasse tache d'huile.

.........C’est à nous, aficionados, de les combattre. D’abord en exigeant de véritables toros bravos, une bonne application du règlement, un renforcement de l’autorité des présidences, mais aussi en choisissant soigneusement nos spectacles taurins. Il en est qu’il vaut mieux éviter.

La corrida n’est pas réductible à l’un ou l’autre des beaux arts. Plus qu’art elle est culture complexe. Si elle est art, c’est, essentiellement, art de la stratégie, art de la guerre. Et cela suffit à alimenter notre passion.
Bien sûr, une beauté plastique fulgurante, un vertige métaphysique sidérant, peuvent venir colorer subrepticement ce sublime combat avec la Mort. Mais ces fragments d’éternité ne sont donnés que très rarement et toujours par surcroît, quand tout a été conduit selon une éthique intangible, quand tout n’a contribué qu’à préparer la justification de l'ensemble, son couronnement final, la suerte suprême.
http://lotaureroge.canalblog.com/



tem40 Le: 17/12/11
FLAMENCO FLAMENCO Coup de gueule de Corentin Carpentier.
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