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Peut-être perdra-t-il l'usage de son oeil gauche, et peut-être son éternel sourire restera-t-il à jamais figé dans un triste rictus qui témoignera de la dureté d'une profession à nulle autre pareille. Mais il en faudra sans doute plus pour empêcher Padilla de retoréer.

En moins d'une seconde, une vie a basculé, et à quelques millimètres prés elle s'interrompait à jamais. Une glissade, une chute, un derrote à la volée... Cette scène, les aficionados y assistent des dizaines de fois chaque saison, et à chaque reprise, en visionnant les photos de cornes qui effleurent les visages, on se dit qu'il y a un ange gardien qui accompagne chaque torero, comme le banderillero José Mora dimanche dernier à Madrid (photo ci-dessus), qui passa à deux doigts du drame.

Sans doute le toit amovible qui, à Zaragoza, était fermé, n'a-t-il pas permis à celui qui s'échine depuis des années à protéger Padilla de s'approcher suffisamment de lui. Et la corne a frappé, perçant en un instant le visage et le crâne du torero. On pense bien sûr à Granero, mort à Madrid sous celle d'un toro de Veragua, mais aussi à Pepe Cardeno, défiguré à Séville par un de Prieto de la Cal, ou à Pauloba, qui plus jamais n'a retrouvé sa voix, et à tant d'autres, plus ou moins connus que Padilla.

Et quand le drame survient, la même question se pose : faut-il, pour répondre à l'attente du lectorat, céder à la tentation de publier ces clichés insupportables au risque de cautionner un voyeurisme malsain ? À lire la presse de ces deux derniers jours, on constate que le débat qui a longtemps agité les rédactions a perdu de son acuïté et plus personne ne résiste à la tentation. Nous y résisterons pourtant ici, au nom d'une pudeur que comprendrons tous ceux qui ont reçu une cornada : lorsque le monde bascule et que l'on ne s'appartient plus, personne n'a envie de donner aussi le spectacle de cet impuissance tragique à contrôler le cours de sa vie.

Même Padilla, pourtant habitué aux terribles blessures, céda un instant à la panique, quand, s'apercevant qu'il n'y voyait plus, pensa d'abord à ses enfants. Instant poignant qui mit les larmes aux yeux de tous les toreros.

Mais dés le lendemain, alors qu'il ne sait toujours pas qu'il ne retrouvera sans doute jamais la vue de cet oeil gauche que la corne a arraché de son orbite, les premiers mots de Padilla ont été pour son apoderado à qui il a demandé de ne pas annuler un seul de ses contrats américains. Merveilleuse folie de cet anticyclone atypique.


André Viard


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tem40 Le: 09/10/11
Que faire Zaragoza: la fête continue
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