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PROFESSION TORERO

Je l'avoue, lire est un luxe dont je ne puis me passer, même si j'ai de plus en plus de mal à l'assouvir en raison de mes occupations multiples qui, en plus de l'édition de deux revues - un mois en France, le suivant en Espagne - avec les recherches et les reportages que cela suppose, le travail de veille et de fond effectué au sein de l'Observatoire, et quelques collaborations ponctuelles à divers medias espagnols, occupent tout mon temps.

Je m'en veux donc, et m'en excuse auprès de lui, de n'avoir pas pu lire jusqu'à aujourd'hui le merveilleux petit livre écrit par Robert Pilés, dans lequel, en nom collectif, il raconte de manière jubilatoire ce que nous, toreros, sommes tous : graves et dérisoires, ingénus et ingénieux, généreux et parfois cyniques... la liste est longue, et je laisse à chacun le plaisir de la détailler au fil des anecdotes savoureuses racontées par Robert.

Au fil des pages, on comprend aussi en filigrane que dans le spectacle moderne qu'est devenue la corrida, tous les ressorts de la tragédie antique sont préservés. Le choeur du public chante les louanges des héros, conspue les vaincus, mais sait aussi parfois élever le plus humble d'entre eux au rang de symbole à condition qu'il accepte de racheter les pêchers des autres. Confronté à des adversaires intoréables ou presque, ce bouc émissaire par qui l'authenticité du spectacle est préservée, gagne ainsi la gloire, au prix d'une bravoure sans faille.

L'histoire se répète mais le monde évolue. Le télespectateur, mais aussi l'internaute, zappe sans s'attarder, vote par voie de sondages et descend dans la rue pour se donner l'illusion d'exister. Le mouvement remplace la pensée et la médiocrité nivelle par la base. À qui la faute ? À l'air du temps, aux experts en manipulation qui savent depuis longtemps qu'il faut dire au peuple ce qu'il a envie d'entendre, et à la mondialisation, alibi universel dont tous les décideurs parent leurs ratages.

Heureusement pour nous, mais malheureusement pour eux, les toreros échappent à cette logique du tout ou rien, de la gloire ou de l'oubli, de la fatalité érigée en symbole. Pourquoi ? Parce que vaincus ou triomphants, tous sont magnifiques, pour la bonne et simple raison que tous affrontent leur destin.

La plupart d'entre eux le fait avec une légèreté magnifique, et quand un drame comme celui de Padilla survient, c'est avec pudeur, élégance et grandeur que la famille taurine retrouve son essence la plus précieuse : sa profonde humanité.

André Viard

http://www.terrestaurines.com/forum/actus/edit.php



tem40 Le: 12/10/11
J.J.Padilla chez lui dans une semaine. Zaragoza: oreille pour Mora
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